Voix : Claire Poirson
Le texte :
L’air n’est plus à sa place
Vidé par un autre fluide plus léger, irrespirable,
L’air est lourd.
Les ruisseaux coulent d’oxygène, l’air cascade
La mer est faite d’air
Et les piscines
D’oxygène.
Je plonge, nage, la surface inversée reflète la lumière isolée.
Nous devons boire souvent
Au goulot des bouteilles d’air
Combien ne se baignent pas assez et se noient ? Combien aussi oublient de redescendre à la surface, combien s’enfuient ?
Je dépends des piscines d’oxygène, j’y plonge et j’ouvre les yeux : les éléments s’enlacent mieux qu’à la surface, sous ce drap percé de rayons, dans une chaleur déchirant les enveloppes, ma peau n’arrête aucun flux traversée percée neutrinoée
Chaleureux ou froid, c’est selon.
L’ambiance n’est plus respirable, le gaz est trop diffus, plus léger que l’air
La densité s’est enfuie
Il ne reste que des flaques d’oxygène.
Poissons-grenouilles, nous survivons à l’air libre
Mais pas trop longtemps sans une mare ou un étang
Une source d’oxygène.
Vie périophtalme baignant de solutions poisseuses
Parfois, nous plongeons
Quelqu’uns restent au fond
L’eau faite lie se prélasse
Dans sa piscine d’oxygène.